Podcast : Le numérique au service de tous, une question d’éthique
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Imaginez un monde numérique où la technologie est au service de tous, sans distinction, un monde où l’éthique guide chaque innovation. C’est cette vision que défend Benoît Vrins, expert UX Design (expérience utilisateur).
Dans cet épisode, il nous invite d’abord à un voyage au cœur du digital, à la rencontre de ceux qui œuvrent pour un web plus humain.
De l’accessibilité pour tous aux enjeux de l’intelligence artificielle, en passant par la durabilité du numérique, Benoît Vrins nous partage ses réflexions et ses expériences.
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Découvrez aussi Spade, les jeux de cartes Minotaure UX Kit, et comment rendre le numérique plus humain, plus efficace.
Benoît Vrins nous parle de ces outils innovants pour améliorer la conception de projets digitaux.
Séquençage du podcast :
- [00:00:18] Introduction et présentation de l’atelier de Benoît Vrins
- [00:01:23] La gamification : un phénomène en plein essor
- [00:02:28] Benoît Vrins, expert en expérience utilisateur
- [00:02:33] L’influence de l’approche utilisateur sur la conception de jeux
- [00:03:24] Sortir des sentiers battus : bousculer les zones de confort
- [00:04:32] Des surprises à chaque étape
- [00:06:05] Les services proposés par Spade
- [00:06:28] L’importance de l’image de marque
- [00:07:27] Les préoccupations éthiques dans le numérique
- [00:09:50] L’impact de l’intelligence artificielle sur les métiers du web
- [00:12:35] Les processeurs quantiques : une révolution à venir ?
- [00:14:17] Anysurfer : un pionnier de l’accessibilité web
- [00:15:24] Les principaux enseignements de l’atelier
- [00:16:42] Où se procurer les jeux de cartes Minotaure UX Kit ?
- [00:17:05] L’activité de Spade à l’international et dans un contexte multilingue
- [00:17:53] Un marché compétitif
- [00:18:38] Conclusion et appel à la participation : votre avis nous intéresse
Transcription de l’épisode podcast :
Michel Godart: [00:00:18] Bienvenue pour un nouvel épisode de « Pyxis – Le podcast ». Alors nous sommes aujourd’hui à la journée Agile du 7 juin à l’hôtel Van der Valk à Nivelles, face à moi, j’ai Benoît Vrins. Benoit, ben tu avais une session, donc tu as proposé un sujet. De quoi tu parlais, quel était le but? Et après on va aller un peu plus en profondeur dans le contenu.
Benoit Vrins: [00:00:35] Bonjour à toi Michel, d’abord. Mon intervention en fait aujourd’hui c’était plutôt un atelier, donc qui était vraiment ouvert seulement à dix personnes. Je dois bien avouer que j’étais un peu surpris à la fois par l’étendue de la salle juste à côté, on est peut-être je ne sais pas, tu sais, 300, 400 personnes aujourd’hui (Michel Godart: Oui, oui). Donc c’était particulièrement énorme et puis, effectivement, on n’est pas assez dans une salle et j’avais demandé à limiter l’atelier à dix personnes puisque j’étais facilitateur de l’atelier et donc seul déjà face à dix personnes, c’était pas mal. Et donc aujourd’hui cet atelier en fait, j’ai présenté un jeu de cartes qui s’appelle « Challenger mon projet digital ». En fait, chez « Spade », notre agence, on a créé différents jeux de cartes qui s’appellent les « Minotaur UX Kit ». On a cinq jeux de cartes actuellement, et aujourd’hui j’ai proposé une activité autour de ce qu’on appelle un serious game, donc vraiment un jeu mais qu’on va faire dans un environnement professionnel. Et donc l’objectif ici, c’était de challenger son projet digital.
Michel Godart: [00:01:23] Alors on parlera bien entendu de ce que Spade propose comme service auprès des entreprises, mais j’ai envie d’abord de sonder un peu la température sur la gamification.
Benoit Vrins: [00:01:32] Moi, je ne suis pas vraiment un grand expert de gamification, c’est à dire que moi, j’y suis arrivé un petit peu par la petite porte, c’est à dire que j’ai commencé à être facilitateur d’atelier il y a plusieurs années et que j’y ai vu un bon moyen à un moment de pimper en fait mes ateliers par la gamification. Et donc, c’est à partir de là où j’ai commencé à m’intéresser au sujet. Je ne dirais pas que j’ai une grande expérience d’avoir pu, enfin en tout cas de pouvoir faire un benchmarking du monde de la gamification.
Michel Godart: [00:01:55] Mais ta perception m’intéresse!
Benoit Vrins: [00:01:56] Je vais te parler de déclic en fait, moi j’ai eu un déclic, c’est que j’ai eu l’opportunité de rencontrer un grand monsieur de la gamification qui est Maître Thiagi, qui est venu faire une masterclass une après-midi, ou une journée peut être même, à Namur. Voilà, c’est un monsieur qui habite aux États-Unis, qui est d’origine indienne et qui effectivement a écrit énormément de livres sur le sujet, et propose effectivement des masterclass et des formations pour pratiquer la gamification. Voilà, moi ça a été un déclic cette rencontre et donc tout de suite j’ai vu ce que je pouvais faire avec ça si tu veux, j’avais une idée derrière la tête et je l’ai réalisée au travers de ce déclic si tu veux.
Michel Godart: [00:02:28] Dans l’histoire, on va remonter un peu en amont, ta formation départ c’est quoi?
Benoit Vrins: [00:02:31] Je suis UX designer.
Michel Godart: [00:02:33] Ux designer, donc expérience utilisateur en priorité (Benoit Vrins: voilà). Et c’est aussi un élément qui va intervenir dans ce choix de rajouter du jeu dans des ateliers de facilitation.
Benoit Vrins: [00:02:42] Oui, en fait, très clairement. Enfin, je te parlais tout à l’heure que j’animais déjà pas mal d’ateliers, que ce soit en consultance ou dans des phases d’idéation de projets, etc. Et donc oui, moi, en tant que UX designer, quand j’anime des ateliers ou quand je participe à des ateliers, en fait je suis toujours, j’ai envie de dire, le bad cop du UX quoi. Donc c’est à dire, je suis là pour rappeler pour qui on travaille, pour les users comme on dit, les utilisateurs finaux, etc. Et donc souvent, effectivement, je suppose que tu as ta propre expérience hein? Quand on travaille sur des projets, on a sa petite idée derrière la tête et on essaye d’avancer mais, donc voilà, c’est bien d’avoir ce personnage en fait qui ramène un petit peu dans la conversation l’utilisateur final. Et alors finalement, d’une certaine manière, ben il y a plein de méthodes pour le faire quoi, si tu veux. Donc la gamification en fait partie pour moi, voilà.
Michel Godart: [00:03:24] Dans le rôle de UX, on s’occupe plus du côté récepteur en fait finalement. On fait prendre conscience que le récepteur du message (Benoit Vrins: Ouais) il est important. Quand on est UX designer, on a des habitudes, on a des règles, des concepts qu’on a bien ancrés… On a une vision, tu vois (Benoit Vrins: Ouais) bien précise. Et je me dis que quand tu apportes du jeu comme ça, en fait tu es un peu, bouscule les barrières parce que tu vas interroger les réactions des utilisateurs (Benoit Vrins: Ouais). Tu vas parfois redécouvrir des choses que tu aurais peu: ou oublier, ou rater (Benoit Vrins: Ouais), ou ne jamais avoir pensé (Benoit Vrins: Ouais). Est-ce que c’est vraiment ça le but au départ, est-ce que tu as vu ça apparaître, ou pas encore?
Benoit Vrins: [00:03:55] Oui, c’est un des aspects indéniables des choses quoi, effectivement, mais je pense, enfin je reste dans un niveau de confort. C’est à dire que moi, quand j’interviens en tant que UX designer ou en tant que facilitateur d’atelier, généralement les gens savent pourquoi je suis là. Donc d’une certaine manière, même si je puis dire que je suis un bad cop, d’une certaine manière ils s’attendent forcément, à un moment donné, qu’on parle d’expérience utilisateur et qu’on mette l’utilisateur au centre des débats. Voilà, donc en soi, il y a une acceptation assez rapide de prendre en compte cette dimension-là quoi. Ça moi j’ai jamais vraiment eu de problème par rapport à ça si tu veux, donc c’est à dire qu’on a toujours accepté ma présence et accepté d’intégrer la dimension UX dans les débats des ateliers quoi.
Michel Godart: [00:04:32] Et est-ce que le jeu t’amène des surprises parfois, ou des choses que tu ressort de ce que tu pensais être acquis?
Benoit Vrins: [00:04:38] J’ai pas un exemple comme ça en tête mais, des surprises pendant les ateliers, il y en a plein tu vois. Moi en fait (Michel Godart: C’est vrai? Encore Maintenant?) par exemple, allez aujourd’hui j’étais assez surpris, mais en fait par exemple, typiquement, quelque chose qui est assez marrant, c’est l’exploitation de l’espace. L’atelier que j’ai fait avant ici, la Journée Agile, c’était à Liège, j’avais un microscopique espace, on était vraiment bien serrés, ça sentait bien la transpiration, il faisait froid dehors, donc on n’avait pas pu ouvrir les fenêtres. Et ici, j’avais un espace énorme, et donc en fait, la gestion, le rapport à l’atelier est complètement différent. Moi, j’étais hyper impressionnée, J’avais donné des consignes au départ pour dire « Écoutez, je vous propose ceci et cela », et puis après je me suis absentée 30 secondes parce que j’avais un souci avec mon ordi ou je ne sais plus quoi, et je reviens il y avait une exploitation de l’espace que je n’avais pas prévue en fait (Michel Godart: Anticipée, ouais). Et puis je me suis dit « Mais en fait c’est génial quoi », donc en fait, comme par exemple j’avais, je vais prendre l’exemple concret ici, c’est quelque chose qui n’aurait pas pu se passer à l’atelier d’avant vu le manque d’espace. Mais ici, comme on avait carrément rassemblé quatre tables, et qu’en fait j’avais séparé le jeu en quatre paquets de jeu, et ben les participants ont dit « On va prendre une table par paquet », et donc ils ont séparé les tables, mais ils les ont carrément bougées, etc. En disant ça, c’est la table du paquet un, ça c’est la table du paquet deux. Et je dis mais purée, mais c’est génial, je n’avais même jamais pensé à ça. Et donc j’avais par contre donné comme consigne qu’on reste debout, et donc c’était leur manière de se dire « Ok, on va agir dans l’espace, on va rester debout, on va bouger les chaises, mais on va carrément bouger les tables quoi » et je trouvais ça marrant en fait.
Michel Godart: [00:06:05] Ouais, pas mal, c’est un chouette partage ça. Pour revenir à ton activité principale, donc ta société, quels sont les services que tu proposes? Quelles entreprises tu accompagnes? Pourquoi ?
Benoit Vrins: [00:06:13] Nous, chez Spade, on travaille beaucoup avec les entreprises sur leur présence en ligne, mais essentiellement dans la dimension de la conception de l’écosystème digital, donc leur présence, donc la présence vraiment dans la réalisation d’un site web, mais aussi l’identité visuelle liée au digital, la maturité numérique.
Michel Godart: [00:06:28] L’image de la marque aussi.
Benoit Vrins: [00:06:30] Ouais, une image de marque, etc. Donc c’est essentiellement de la communication digitale, donc on est une agence de communication digitale, ça c’est vraiment la façon la plus courte de le présenter. Et évidemment, on réalise des sites web quoi, donc voilà. On travaille beaucoup sur des plateformes de contenus, donc il y a la plupart des gens qui viennent chez nous, les organisations, les ONG, on travaille beaucoup avec les ONG aussi. En fait, souvent, c’est un problème de contenu qui est là, donc c’est parfois beaucoup de contenu et comment l’organiser, donc c’est beaucoup d’architecture d’information par exemple. Évidemment ben, on vient d’en parler, c’est ce rapport à l’expérience utilisateur: à qui est (Michel Godart: Le vécu du visiteur, ouais), voilà, le visiteur qu’est-ce qu’il vient trouver, qu’est-ce qu’il s’attend à trouver, etc. Donc c’est là où on travaille pas mal les aspects en atelier. On réalise pas mal de sites web dans cette réflexion-là. Et donc effectivement, avec le temps, on a défini toute une série d’éléments méthodologiques, qui a pris la forme de ce qu’on appelle maintenant les Minotaures. Minotaure qui a vraiment deux aspects: un framework technique, et une méthodologie dans laquelle, par exemple, on utilise les jeux de cartes, voilà.
Michel Godart: [00:07:27] Alors tu as parlé d’éthique (Benoit Vrins: Oui), il y a une chose qui, dans le digital, me touche beaucoup, c’est le côté inclusif (Benoit Vrins: Ouais). Par exemple, moi je fais des podcasts, ils sont transcrits pour les sourds et malentendants (Benoit Vrins: Ouais). Il y a des polices d’écriture qui sont favorables plus que d’autres, pour les personnes qui ont un handicap, pour qu’elles puissent accéder au contenu web. Est-ce que c’est ça que tu cibles dans l’éthique? Est-ce que c’est un point d’attention que vous avez?
Benoit Vrins: [00:07:49] Oui, en fait, c’est quelque chose qui est dans notre ADN j’ai envie de dire. L’agence, elle a été conçue en 2011, donc voilà ça fait quand même treize ans. Aussi loin que je remonte, donc 2011, mais voire même avant, je me rappelle avoir animé, ou co-animé en tout cas, des conférences et des ateliers autour de l’accessibilité, avec Anysurfer qui était déjà présent en 2011 aussi. J’ai envie de dire, on est arrivé avec ça, en partie ce bagage éthique. Et puis effectivement, qui a appris avec le temps toute une série d’autres façons de le présenter, etc. Moi j’aime beaucoup le mot éthique, c’est celui dans lequel je me retrouve le plus, personnellement, après on peut parler de durabilité, il y a plein de façons de le présenter. Chez Spade, si j’ai envie de parler en mode d’aujourd’hui, en fait ben ici j’étais très content de voir que L’ISIT était parmi nous ici, à côté des Nice Surfers, parce qu’en fait, nous, un des outils qu’on utilise beaucoup, c’est le Gr441, qui est un référentiel en fait, et que je trouve très intéressant parce qu’on manque de référentiel, particulièrement en Belgique. Alors par référentiel, j’entends une norme que les agences ou les acteurs du numérique peuvent suivre en se disant « Si je suis ces règles-là, je vais être éthique ou je vais pouvoir développer vraiment une réflexion de fond sur la durabilité du numérique ».
Michel Godart: [00:09:00] Je travaille dans une asso, à côté de mon boulot chez Pyxis, la raison pour laquelle on est devenu sponsor, c’est leur présence aussi. Une des raisons? (Benoit Vrins: Ok), ça me touche beaucoup ce que tu dis, mais je te laisse continuer…
Benoit Vrins: [00:09:09] Voilà, moi j’en parle parce que je trouve que c’est un outil qui mérite d’être plus connu, qui manque sans doute encore un peu de visibilité. Je pense aussi qu’on a un rapport géographique aussi, je veux dire, par exemple si on prend la France, il y a beaucoup plus de référentiels ou en tout cas plus de visibilité, ou plus d’accompagnement au niveau public, pour suivre des normes. Je pense par exemple à « Opquast » par exemple, il y en a d’autres bien entendu.
Michel Godart: [00:09:29] Mais je pense que le fait que le territoire est plus vaste, avec plus de population (Benoit Vrins: Bien entendu), ben ça va jouer un rôle, parce qu’évidemment on va toucher plus de monde que dans un plus petit territoire, ça va être plus difficile parfois et on va attendre les voisins.
Benoit Vrins: [00:09:38] Voilà, exactement. Puis bon, faut rester cohérent aussi, on est un petit pays, et en plus qui est quand même complexe avec aussi (Michel Godart: Trois langues nationales) trois langues nationales. Enfin voilà, donc c’est des choses qui ne facilitent évidemment pas les choses au niveau de l’harmonisation.
Michel Godart: [00:09:50] On est dans un monde agile, avec des itérations, de l’adaptabilité. Et Dieu sait qu’on est dans un momentum important, parce qu’il y a deux, pour les gens du digital, on va être d’accord sur ce point je pense. Il y a deux grands switch qui sont en train de se faire. Ben le premier c’est les IA, quand tu parles de sites web, de référencement, de SEO, de Search Engine Optimization, j’ai la surprise de voir que quand j’interroge comment on a entendu parler de nous, je me rends de plus en plus compte et j’entends de plus en plus « Ah, j’ai interrogé telle IA et votre résultat est sorti en premier? ». Ah bon? Waouh! J’ai un ami qui est dans le secteur du marketing sur ce type de choses et qui me dit « Ouais, mais on peut même influencer les IA pour que, justement, tu sortes. Alors j’entends des gens me dire « Ouais mais ça va changer le métier du SEO, ça va changer le métier de la création des sites web. Qu’est-ce que ça change dans votre métier? Comment êtes-vous prêts à vous adapter à ça?
Benoit Vrins: [00:10:33] C’est une question, j’ai envie de dire qui est ultra présente, à la fois. Ça reste très compliqué parce qu’il y a tellement d’informations qui fusent, de tous bords, par rapport à l’IA que je trouve que c’est assez difficile de se faire une opinion et (Michel Godart: Et de se placer) se placer en fait, voilà. Et ici par exemple, moi j’ai trouvé pas mal de réponses durant cette journée agile, parce que forcément l’IA était présente ici dans les présentations. Et de nouveau, il y avait une présentation autour de l’IA et de la dimension d’éthique, il y en avait même deux.
Michel Godart: [00:10:59] Avec Thierry hein? Thierry Croix.
Benoit Vrins: [00:11:00] Voilà Thierry, qui parlait en même temps que je faisais mon workshop mais après il y avait une autre qui était plus tournée autour, notamment l’approche d’accessibilité, etc. Tu ouvres ton LinkedIn aujourd’hui ou tu ouvres n’importe quelle page web, tu parlais de Google tout à l’heure, tu es bombardé d’informations sur l’IA, tu as des formations à tout va là-dessus, tout le monde prend parti (Michel Godart: Tout le monde est promoteur), voilà. Même sur ton Netflix, maintenant, on te dit il y a des films, voilà on ne parle plus d’Android, on parle de IA, le mot Android semble faire partie du passé j’ai presque envie de dire, d’office c’est une intelligence artificielle qui est présente. Très concrètement, chez Spade on fait des tests, on fait beaucoup, et en fait on est pas mal à l’écoute de nos clients, qui sont je pense aussi pas mal perdus. Moi je pense que c’est vraiment la dimension de learning quoi, de se dire « Ok, il y a des choses de nouveau, des normes qui arrivent ». Tout à l’heure, on se disait hein, l’IA Act, comme l’accessibilité ACT qui arrive l’année prochaine en 2025, l’IA Act en Europe arriverait en 2026, voilà, ben c’est se préparer à ça. C’est aussi amener cette dimension de réflexion, de se dire qu’est-ce qui est bien pour mon entreprise? Parce que, bon oui, mettre en place un système de recherche de données où tu peux interagir avec une IA, avec une entreprise en soi, j’ai envie de dire ça, c’est ce qui est sur la table en termes de services faciles, entre guillemets ou en tout cas de réflexions faciles qu’on peut introduire avec un client. Mais on démarre toute une réflexion autour de l’éthique. Et puis aussi de la durabilité, puisqu’on sait bien que des requêtes comme ça, ben est-ce qu’elles sont réellement nécessaires, ou en tout cas (Michel Godart: Quels sont leur impact?) Quels sont leurs impacts effectivement en termes de sobriété numérique, etc. Donc il y a ces réflexions là que moi, personnellement, me parle le plus quoi, on va dire.
Michel Godart: [00:12:35] Ce qui est marrant, c’est que quand on parle d’éthique, j’entends et je conçois, et j’admire le rôle que tu prends et la position marquée que tu affirmes, et je respecte ça, j’ai beaucoup de respect pour ça. Mais souvent je me fais la réflexion que « Ok, nous on joue notre rôle, on parle d’éthique, on fait une réflexion sur ça », hein, on a l’intervention de Thierry et d’autres dont tu parlais. Mais on n’est pas seul, je me dis qu’il y a un acteur qui est fort absent sur les prises de décisions de l’éthique, c’est le politique. Moi ce qui me choque par rapport aux IA, c’est que, c’est une parenthèse, c’est qu’on met en place, en production, comme on dit toujours, un événement, l’IA, mais on n’a pas réfléchi à l’éthique d’abord. Moi, je crois que cet act, il aurait dû être d’abord présent, puis après on met en place, et pas l’inverse. Et c’est un peu dommage d’en arriver là. Et alors, le deuxième bouleversement dont je parlais tantôt, qui va arriver, c’est les processeurs quantiques qui vont accélérer la vitesse de traitement, ça va être phénoménal comme bouleversement, ça va changer aussi votre métier ça. C’est aussi un deuxième besoin d’adaptabilité agile qui va se manifester? Vous avez déjà fait des tests, Vous avez déjà une connaissance par rapport à ça?
Benoit Vrins: [00:13:31] Non, pas réellement. Enfin, je pense que c’est comme tout, tu vois. Effectivement il y a des bouleversements qui sont là, alors peut-être qu’on se prendra des raclées à certains moments, voilà. En même temps, je pense qu’il y a toujours tellement de vitesse. En fait moi c’est ça aussi que je me dis tu vois, c’est, dans certains cas tu peux venir prêcher des choses qui te semblent être assez facile et intégré depuis des années, voire des décennies. Et puis face à ça, tu as un public qui te regarde et qui te dit « En fait, tu me parles chinois ». Donc voilà, (Michel Godart: T’es pas au bon moment ou t’es pas…). Donc ici, j’en parlais avec l’équipe des surfeurs, la dimension d’accessibilité, je te le disais tout à l’heure, ça fait quinze ans sans problème qu’ils sont là, principalement le label il existe etc. Mais je veux dire, le discours il n’a pas changé en quinze ans (Michel Godart: Mais non). Et il y a des gens qui débarquent ici en disant « Je n’ai jamais entendu parler de ça ». Donc, tu vois…
Michel Godart: [00:14:17] Mais ça c’est fou parce que tu sais que, quand j’ai commencé le podcast c’était en 2007, et mon tout premier podcast s’appelait « Le podcast High Tech » Belgique & France, et un des invités que j’ai eu à mon micro c’était Anysurfer. On était en 2008 (Benoit Vrins: Ouais), et on parle toujours de la problématique de l’accessibilité du web. Ils sont efficaces, ils font un travail formidable, mais à un moment donné tu ne peux pas t’empêcher de te poser la question « Mais, comment est-ce possible qu’on ait encore besoin d’avoir Anysurfer qui nous rappelle que l’accessibilité du web est un élément important? » C’est choquant je trouve!
Benoit Vrins: [00:14:45] Ça l’est, complètement. Ici pour moi en fait, j’ai toujours adoré cette thématique-là. Et Stéphanie pendant sa présentation l’a tellement (Michel Godart: Stéphanie Ramon) ouais, l’a tellement bien dit. Elle rappelait en fait, les petites citations heu, (Michel Godart: elle sont importantes). Elle citait Tim Berners-Lee, un des fondateurs du web quoi, et qui disait « Mais en fait, la définition du web, c’est sa dimension d’universalité ». Moi, voilà, ben si tu me parles d’IA, j’ai envie de dire ça moi, et j’ai envie de regarder le web, ou le digital, en disant « Quand on prend une direction, par rapport à son métier, par rapport à un secteur comme le digital, j’ai envie de dire, c’est cette dimension d’universalité que j’ai envie de regarder » en me disant « Est-ce qu’on prend les bonnes décisions, par rapport à cette universalité? »
Michel Godart: [00:15:24] Je me suis un peu écarté de l’objectif primaire de l’interview, de parler de ton atelier parce que ça m’interpellait le fait que tu parles d’éthique. Il y a des challenges qui m’interpellent aussi dans ton corps métier que j’ai voulu un peu titiller là, dans cet échange. On va revenir vraiment à ton atelier et ce que tu as fait. Ici, la journée agile quand on va publier ce podcast, ben elle sera passée. Qu’est-ce que tu aurais envie, d’une part, que les gens qui ont participé à l’atelier ait retenu de ce que tu as fait. Est-ce que tu as un message que tu veux leur donner? Et pour ceux qui n’ont pas pu assister à cet atelier. Qu’est-ce que tu leur proposerais? Parce qu’on va créer de la frustration là, la curiosité!
Benoit Vrins: [00:15:55] Parce que j’espère qu’ils ont retenu c’est: la capacité de pouvoir se dire, on parle souvent de métaphores. Toutes les keynotes que j’ai vu, il y avait à un moment une métaphore quelque part, j’ai utilisé la mienne pendant l’atelier et c’était de prendre conscience que démarrer une réflexion structurée, c’était possible facilement, moyennant qu’on puisse réfléchir à cette métaphore qu’on a mise sur la table. Et puis effectivement, le jeu de cartes est un facilitateur de techniques, une toolbox qu’on va utiliser pour travailler sur la thématique donc, moi j’avais envie de dire, il y a une dimension de devenir acteur de ces ateliers, d’aller pouvoir challenger ses projets grâce à ce jeu de cartes, etc. Et donc moi, forcément, pendant l’atelier, j’espère qu’ils ont compris cette dimension de pouvoir effectivement agir sur cette dimension-là. Pour ceux qui n’ont pas participé, j’ai envie de dire « Ben évidemment découvrez nos jeux, les minotaures UX kit hein? »
Michel Godart: [00:16:42] Alors où est-ce qu’ils peuvent les trouver?
Benoit Vrins: [00:16:43] C’est très simple, donc là on a mis une plateforme digitale en ligne, il y a un site web, on peut les commander: ux kit point minotaure point io. Après on a des formules où on vient faire des ateliers pour challenger les projets, et il y a différentes formules qui sont expliquées sur le site, et puis alors on fait des formations aussi qui permettent simplement de monter en compétences sur les jeux pour être soi-même facilitateur d’atelier, voilà!
Michel Godart: [00:17:05] Pour cet aspect-là, vous êtes actifs dans quels territoires?
Benoit Vrins: [00:17:07] Alors Spade c’est une agence qui, au départ, est bruxelloise et puis maintenant on a aussi un bureau à Namur, depuis quelques années d’ailleurs. Et donc voilà, j’ai envie de dire essentiellement sur Bruxelles et la Région wallonne, pour l’instant, comme ça en tous cas facilement, ça c’est, voilà, ça nous arrive de bouger plus mais heu, ça c’est…
Michel Godart: [00:17:22] Mais je pose la question parce que, tu l’as dit au début, on est un pays un peu compliqué: il y a français, néerlandais, allemand, anglais, vous allez aussi dans des entreprises en flamand pour pouvoir aider ou pas?
Benoit Vrins: [00:17:31] Sur plus de dix ans d’existence, évidemment qu’on a travaillé avec des structures néerlandophones, mais ça reste anecdotique. Par contre, c’est vrai qu’on est à Bruxelles et on a pas mal travaillé avec l’Europe, dans le sens large du terme, aussi. Et puis voilà, Bruxelles reste une plateforme très internationale au départ, donc effectivement les jeux existent en anglais (Michel Godart: Ah voilà). Et on sait les animer nous-même aussi, des ateliers en anglais? Pas de problème.
Michel Godart: [00:17:53] Il y a de la demande aussi en France? La question qui va suivre c’est: est-ce que vous avez des compétiteurs?
Benoit Vrins: [00:17:57] Il y a des compétiteurs puisque évidemment on n’est pas du tout les seuls distributeurs de jeux, on va dire, si on prend le mot distributeur.
Michel Godart: [00:18:03] Non mais avec la même approche par contre…
Benoit Vrins: [00:18:05] La même approche, ben j’ai un peu du mal à te répondre, j’ai vu des structures qui font ça effectivement, ben dans de la dimension de facilitation d’ateliers d’idéation, il y a des gens sur le marché quoi, tu vois. Maintenant, c’est vrai que la France m’intéresse, quoi donc, mais je suis au tout début de mon exploration. Ici c’est un projet qui est relativement jeune puisqu’on a sorti nos jeux pour la première fois il y a deux ans, on a fait un premier batch qui a été complètement vendu, et donc là maintenant on a reprinté une série de jeux et dont on en a sorti un cinquième. Et on se dit, on vient de le traduire en anglais, donc voilà il y a des nouvelles choses qu’on lance et on teste.
Michel Godart: [00:18:38] Un dernier point, qui va être important, c’est que dans le texte de ce podcast, il y aura un lien (Benoit Vrins: Mm) et les gens suivent ce lien, ils arrivent sur un voice mail, un répondeur, donc ils peuvent poser une question, faire un commentaire, une remarque, un encouragement, un remerciement. Ça peut même être les gens qui ont participé à ton atelier, ils peuvent réagir de cette manière (Benoit Vrins: Ah ouais, cool) et donner un commentaire aussi. La fenêtre internet s’ouvre, on autorise le micro, on s’enregistre, on peut recommencer deux, trois, quatre ou cinq fois. Et quand on est content du message final, on met son email, on fait envoyer, nous on le reçoit. S’ils nous disent on peut partager sur les réseaux sociaux, on mettra en commentaire du podcast. S’ils ne nous disent rien, on te l’envoie en privé, tu peux répondre en privé parce que tu auras l’e-mail (Benoit Vrins: Ah ouais c’est chouette). Et j’espère que tu auras quelques messages, je ne peux pas te le promettre mais (Benoit Vrins: Ouais, ouais, allez) voilà. Si tu as quelques messages ce serait sympa.
Benoit Vrins: [00:19:14] Ça m’intrigue, ouais. J’espère en avoir – Rires.
Michel Godart: [00:19:16] Je te remercie infiniment pour ce partage avec moi, je suis content de voir qu’il y a des gens qui se préoccupent d’éthique, de valeurs, ça fait toujours plaisir et moi ça me touche beaucoup (Benoit Vrins: Ouais). Je t’encourage à continuer et je te souhaite bon vent dans ton entreprise.
Benoit Vrins: [00:19:27] Très gentil, merci à toi Michel.
Michel Godart: [00:19:28] Merci.
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